28 nov. 2013

Résidence alternée : mon expérience

Lorsque mon ex-mari et moi avons enclenché notre séparation, la résidence alternée (RA) a été une évidence aussi bien pour lui que pour moi. Ca n'était pas la meilleure solution, c'était la moins pire.
Ce choix a été une évidence pour nous, parce qu'il semblait être une évidence pour notre fils, qui avait 4 ans et demi. Il était aussi proche de son père que de moi, nous ne voulions pas le priver de l'un de nous, nous nous en occupions aussi bien l'un et l'autre et avions des situations professionnelles et financières similaires.

De cette décision ont découlé nos choix pour l'organisation de nos nouvelles vies respectives :
- Choix unique d'école pour la scolarisation
- Logements proches pour plus de praticité et de souplesse
- Doublement des affaires (jouets, habits) de notre enfant : nous n'avions plus que le doudou et les  traitements médicaux éventuels à emporter
- Chacun sa voiture (nous n'en avions qu'une) pour que chacun puisse être aussi libre que l'autre.

A préciser que nous avons pu mettre en œuvre cette organisation grâce à l'argent de la vente de notre appartement. Nous sommes redevenus locataires et avons évidemment perdu en pouvoir d'achat et en espace de vie.

Nos vies et celle de notre enfant ont évidemment été bouleversées par notre séparation, et aujourd'hui, au bout de pratiquement 7 ans à ce rythme, je pense avoir suffisamment de recul pour donner un avis plus tranché qu'à l'époque. Je parle d'un VRAI avis, pas de celles-ceux qui pensent et argumentent à coup d'études plus ou moins orientées mais qui ne vivent pas l'expérience. Il est par contre primordial de préciser que ce n'est que mon avis, et que je ne me fais pas porte-parole des parents divorcés, pères ou mères.

SEPARATION PREPAREE
Mon ex-mari et moi avions prévu la RA. Nous ne nous sommes pas mariés dans l'optique de divorcer. Mais tout comme les couples qui signent des contrats chez le notaire avant les noces "au cas où", nous avions évoqué le sujet du divorce – et donc de la résidence des enfants- "au cas où". Par conséquent, quand le problème s'est présenté, nous savions l'un et l'autre ce qui se passerait.
Nous avons préparé notre divorce pour éviter à notre fils de vivre inutilement des choses désagréables. Selon moi, il est du devoir d'un adulte responsable, potentiel futur parent, d'aborder le sujet de la séparation et de ne pas reléguer cela aux couples "qui ne sont pas sûrs", "qui ne sont pas solides", "qui ne peuvent pas s'engager pour de vrai", etc.
Au moment de la séparation de fait, nous avions tout bouclé, tout listé, tout décidé. Nous avons divorcé "à l'amiable", donc nous n'avions qu'une seule avocate pour deux, qui n'avait plus qu'à officialiser nos accords devant la loi (mais qui n'a pas lésiné sur ses honoraires soit dit en passant). Tout était partagé, acté, il n'y a eu aucune indemnité compensatoire, aucune bataille, pas de pension alimentaire puisque nous avions une situation financière identique. Le JAF n'avait plus qu'à nous convoquer pour vérifier qu'aucun de nous n'était lésé, et à valider.

VOLONTE
En tout premier lieu, la RA doit être une réelle volonté des deux parents, et pas quelque chose imposé soit par l'un des parents, soit par le JAF. Celui ou celle qui ne veut pas de la garde de son enfant, à plein temps ou mi-temps, le vivra mal, ce qui aura des répercussions évidentes sur l'enfant.

De plus, un homme ou une femme qui répète à l'envi "Je ne pourrai jamais laisser mes enfants" lorsqu'il-elle est encore en couple, a de grandes chances de refuser la RA. Ca ne veut pas dire qu'il-elle ne pourra pas changer d'avis en cours de route, mais c'est un signe de potentiel conflit futur. De même, un homme ou une femme pervers-e narcissique ne va pas faciliter les choses à sa moitié qui veut partir avec les enfants.

SOIN ET ATTENTION
Il y a certains parents qui ne sont tout simplement pas capables d'être parents. Ils ne savent pas s'occuper d'un enfant, ils ne savent pas passer du temps avec lui, l'éveiller, l'éduquer, l'accompagner dans son évolution. Donc sans couper l'enfant de son parent "carençant", il vaut mieux qu'il aille avec celui qui s'occupera le mieux de lui. Et je ne parle même pas des parents alcooliques, violents, manipulateurs, toxicomanes …

TEMPS
On peut être un parent formidable et attentif, et être tout simplement absent : un travail prenant, des voyages réguliers, des horaires de nuit ou en décalé … un enfant a besoin de repères et de routine, et de passer du temps avec ses parents. Donc vivre chez le parent qui fait appel systématiquement à papy-mamie, la tante, le cousin, la baby-sitter … pas sûre que ce soit très épanouissant.

ENTENTE
Les deux parents doivent IMPERATIVEMENT s'entendre et avoir une conception commune de l'éducation. Si les rancœurs rendent les relations exécrables, si les parents se disputent à la moindre occasion, même en l'absence des enfants, l'ambiance sera mauvaise et la moindre étincelle fera exploser les échanges.
De même, des différences trop importantes dans la gestion du quotidien va forcément faire pencher la balance vers le côté obscure. Un père qui couche ses jeunes enfants à 22h en semaine pendant que la maman les couche à 20h, ou une mère qui laisse ses enfants manger n'importe quoi n'importe quand pendant que le père préfère les horaires de repas plus rigoureux, c'est le terrain idéal pour des conflits entre les parents, et même avec les enfants qui vont forcément préférer être chez le parent le plus permissif.

COMMUNICATION
En plus d'une entente suffisamment bonne entre les parents, il faut aussi qu'il y ait du dialogue, et que les enfants constatent ce dialogue. Au moment de l'alternance, il faut se parler, se tenir au courant de ce qui s'est passé pendant la semaine, des projets évoqués, des dates de vacances. Il faut impliquer l'enfant tout en prenant les décisions importantes d'abord entre adultes.

DISTANCE
Comme vu plus haut, des parents habitant à plus de 15-20 minutes de voiture l'un de l'autre ne pourront pas gérer une RA dans les meilleures conditions. Que faire en cas d'oubli de doudou ? Et si le parent "en cours" est bloqué au bureau par une réunion ?
L'idéal est de vivre dans la même ville (mais dans des quartiers différents), ou dans des villes limitrophes.

FONCTIONNEMENT RIGOUREUX …
La RA doit se soumettre à des règles communes pour que les enfants se sentent le moins déstabilisé possible. On fixe un jour et une heure d'alternance (le vendredi après l'école, le dimanche à 18h …) et on s'y tient pour que les enfants puissent s'approprier cette routine.
Dans le cas de notre fils, l'alternance a lieu le dimanche à 19h, et nous partageons équitablement les vacances scolaires, les anniversaires et les fêtes une année sur deux.

… ET SOUPLE
Pour qu'une RA fonctionne bien, il faut des règles précises, mais aussi de la souplesse. Lors de week-ends prolongés, il arrive que l'un de nous demande l'accord de l'autre pour que notre fils rentre plus tard. Ainsi, si son père décide de partir lors d'un week-end de trois jours (samedi, dimanche, lundi), et si je n'ai rien prévu le lundi, je ne vois pas pourquoi je priverais mon fils et son père de rester une journée de plus ensemble.
De la même manière, il m'est déjà arrivé de devoir terminer ma journée de travail plus tard que prévu. J'ai appelé le papa pour qu'il aille chercher notre fils à l'école à ma place.
Tant que ce type d'arrangement reste ponctuel et discuté, c'est parfaitement acceptable.

QU'EN DIT LE PRINCIPAL INTÉRESSÉ ?
Notre fils est maintenant au collège. Il dit lui-même qu'il n'est pas prêt à arrêter la RA car il a besoin de nous voir tous les deux, mais il souffre quand-même de cette alternance car, et c'est bien naturel, il aimerait nous voir ensemble car nous lui manquons. Même si mon ex-mari et moi faisons le maximum pour atténuer les différences entre nos foyers, il y en a. Ça n'est donc pas tous les jours facile pour notre fils mais nous attendons qu'il soit prêt à choisir une résidence principale, s'il le souhaite. Il le fera peut-être d'ici quelques années, parce qu'il aura grandit et qu'il s'émancipera.

SI C’ETAIT A REFAIRE ?
Je le referais, différemment.
Il faut que je sois honnête : mon ex-mari et moi avons choisi cette alternative aussi pour ne pas souffrir de la séparation. Cela aurait été trop dur pour l'un ou l'autre de ne voir notre fils qu'un week-end sur deux. Cette souffrance aurait peut-être engendré des rancœurs envers le parent en résidence principale. Nous ne voulions pas ajouter du conflit au conflit.
Pouvant être honnête aujourd'hui quant à cet aspect, et en prenant en compte l'âge de notre fils à l'époque, je choisirais la résidence alternée pour nous les parents, et pas pour l'enfant. Au lieu de quitter un F3 à 900 €/mois et de prendre deux F2 à 700 €/mois chacun, nous aurions dû garder notre F3 et prendre un studio. Ainsi, notre fils aurait pu conserver sa chambre, ses affaires, son environnement, ses habitudes, et à nous, parents, adultes et responsables de la situation, de prendre nos dispositions et d'assumer nos choix.
Evidemment, cela aurait été une situation à court ou moyen terme, car lorsque l'un des parents veut refaire sa vie, se pose un autre choix de vie. De plus, à un moment donné, l'enfant doit également comprendre que les parents ne sont plus ensemble.

CONCLUSION
Je suis pro-RA sous conditions strictes, donc contre la systématisation de la RA car je considère que certains facteurs sont essentiels pour que cela puisse convenir (cf. plus haut).

Je suis viscéralement féministe, ce qui signifie pour moi une stricte égalité dans les droits et devoirs des femmes et des hommes – et qui justifie mon combat contre toutes les formes de sexisme - MAIS je ne suis pas pour une RA automatique, telle que revendiquée par certaines associations de pères.

Je ne déplore pas que les enfants soient quasi-systématiquement confiés aux mères. Non que ça me plaise, mais je crois tout simplement que c'est une réponse historique et naturelle à notre société patriarcale (un père est fort, puissant, doit travailler tard, a d'autres choses à faire que de s'occuper de la maison et de changer les couches …) dans laquelle nous vivons.
Ce qui est déplorable donc, c'est la manière dont les femmes sont traitées dans notre société. Si les hommes investissaient le foyer à égalité avec les femmes (partage des tâches), si les hommes décidaient d'abandonner leurs privilèges d'hommes pour laisser aux femmes la place qu'elles devraient avoir dans tous les pans de la société (en politique, dans les entreprises, dans la culture …), eux-mêmes en tireraient des bénéfices par extension.


Non seulement je suis quasi-certaine qu'il y aurait moins de séparations, mais les pères pourraient prétendre à la RA au même titre que les femmes, tout simplement parce que tout le monde serait considéré comme égal.

1 commentaire:

  1. Aujourd'hui des BB sont mis en garde alternée demandée par un seul parent , il sont foutus ces gosses, à cause de la connerie d'un parent revanchard... dégueulasse. Il faut changer la loi et ne légiférer QU'AVEC L'ACCORD DES DEUX PARENTS!
    LIRE: observations de Résidence Alternée _Pédiatre lecat__Médecine&Enfance
    https://docs.google.com/file/d/0B43wm97n-P0Ib2ZjZW9uZVpMYjA/edit?usp=sharing

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